Déclaration sur le rejet de nouveau contrat à La Boisselle

Comme ceux qui s’intéressent au La Boisselle Study Group (LBSG) le savent, à l’automne 2013, une nouvelle organisation locale s’est formée pour réfléchir au futur potentiel du « Glory Hole », site archéologique situé à La Boisselle, dans la Somme. Elle a été nommée Association des amis de l’Ilot de la Boisselle (ici Association de l’Ilot). Il a aussi été décidé que les futurs contrats feraient l’objet d’un accord entre le LBSG et l’Association de l’ilot, plutôt qu’avec les propriétaires uniquement, comme c’était le cas. Cette nouveauté avait été trouvée judicieuse et utile. La présidente de l’Association de l’Ilot est la propriétaire du Glory Hole, Mme Claudie Llewellyn-Lejeune.

Fin Avril, le LBSG a reçu une nouvelle proposition de contrat de la part de Mme Llewellyn-Lejeune, en tant que Présidente de l’Association de l’Ilot. Il a été rejeté à l’unanimité pour les deux principales raisons suivantes :

1. Comme chaque visiteur du Glory Hole le sait, le LBSG a réfléchi soigneusement et a fait d’énormes efforts pour assurer la sécurité du site pour tous. Cet aspect du travail archéologique pratique et technique a toujours été en haut de notre liste de priorités, et nos procédures de sécurité ont évolué et sont devenues plus strictes avec l’avancement du projet, pour des raisons que nous allons clarifier. Dans le nouveau contrat, aucune clause ne concernait le comportement d’une personne liée à Mme Llewellyn-Lejeune, qui n’était pas membre du LBSG, dont les gestes imprévisibles et dangereux ont causé des problèmes au LBSG et au projet dans son ensemble.

Parmi les milliers de personnes qui ont visité le site pendant les trois dernières années, et malgré une intervention de mise en garde sur les équipements militaires spécialement prévue par l’expert international Brian Todd de Bactec International, c’est la seule personne qui a délibérément et à plusieurs reprises mis en danger la vie des autres. Il a plusieurs fois ignoré des règles de sécurité claires et essentielles, et il est venu à de nombreuses reprises sur le site sous l’influence de l’alcool. Le LBSG a reçu de nombreux commentaires de collègues et de visiteurs sur son comportement. Après chaque événement, le LBSG l’a interrogé sur ses activités potentiellement mortelles, comme lancer des grenades en état de fonctionnement aux bénévoles ou vers eux, à au moins deux reprises.  Malgré les discussions, le comportement de cette personne n’a pas changé. Durant les deux dernières années, d’autres exemples nous ont été rapportés par des tierces personnes. Tous les événements qui se sont produits au Glory Hole sont enregistrés.

A l’automne 2012, Mme Llewellyn-Lejeune a été avertie du sérieux danger représenté par cette personne, et des nombreux messages d’inquiétude que le LBSG a reçus des visiteurs. L’ayant d’abord défendu, à notre grande surprise, elle a ensuite déclaré catégoriquement qu’il ne viendrait plus sur le site quand le LBSG y travaillerait : malheureusement, cette promesse n’a pas été respectée.

Il est impossible d’assurer la sécurité des personnes qui travaillent ou qui visitent le Glory Hole si cette personne est présente. Comme le LBSG ne reviendra pas travailler sur le site, nous ne pouvons plus surveiller personnellement ses actions. Les autorités françaises (dont l’organisme archéologique de Picardie, la DRAC) ont été mises au courant de la situation.

Nous savons que les habitants ont été amenés à croire que le travail s’est arrêté car il était devenu trop dangereux. Le LBSG tient à affirmer que ceci est complètement faux. Ayant reçu l’entrainement d’experts et un équipement spécialisé de la part de nos sponsors, et ayant mis en œuvre les procédures de sécurité les plus strictes, le LBSG, à aucun moment, n’a eu la moindre inquiétude sur le travail souterrain. Pendant les trois ans d’exploration, il n’y a eu ni urgence ni alerte. Notre plus grande inquiétude a été de loin le comportement imprévisible et dangereux de la personne mentionnée plus haut et son mépris obstiné pour des règles essentielles et très claires de sécurité auxquelles toutes les autres personnes sur le site ont strictement adhéré.

2. La seconde raison principale pour laquelle le LBSG ne peut pas trouver d’accord vient du fait que, depuis quelques temps, la propriétaire / présidente de l’Association de l’Ilot a publiquement et à plusieurs reprises tenu des propos mensongers, diffamatoires et injurieux concernant les membres du LBSG. Certains ont été publiés dans le journal régional, le Courrier Picard. Des emails et des lettres diffamatoires ont aussi été envoyés à des historiens, archéologues et autres groupes d’intérêt français, associations et sociétés historiques, et individuels. Il est vite apparu que certains messages avaient été transmis par des listes de diffusions et autres formes de média sociaux. Nous connaissons l’identité de certains des destinataires. Voici les accusations mensongères qui furent publiées :

  • Le LBSG profite financièrement du projet.
  • L’équipe est uniquement composée de Britanniques.
  • L’histoire française et allemande est considérée comme sans importance par le LBSG.
  • Le LBSG se préoccupe uniquement des tranchées britanniques et des corps des soldats britanniques. Les corps des soldats français découverts sont traités sommairement.
  • De lourdes machines sont  utilisées pour rogner sur les fouilles, et les techniques professionnelles de fouilles sont délibérément ignorées, non seulement par le LBSG mais aussi par les autorités archéologiques françaises, qui « ferment les yeux ».
  • Les vestiges et éléments du paysage sont délibérément et gratuitement détruits.
  • En Novembre 2013, le LBSG a délibérément interdit à la propriétaire d’entrer sur son propre terrain.
  • Le LBSG a volé des objets du site.
  • Des objets du site ont été emmenés en Grande-Bretagne dans l’hélicoptère d’un de nos sponsors – dont des restes humains.

Les calomnies s’appliquent personnellement aux membres du LBSG et à leurs collègues professionnels bénévoles, mais diffament aussi la DRAC de Picardie, qui non seulement supervise le projet mais qui travaille aussi fréquemment avec nos archéologues. Certains sponsors du LBSG ont aussi été impliqués : ils ont tous été mis au courant de la situation. Malgré de nombreuses demandes faites auprès de Mme Llewellyn-Lejeune d’apporter des preuves pour appuyer ses accusations, rien n’a été présenté.

Pour le bénéfice des milliers de personnes dans le monde qui suivent et soutiennent le projet, nous reproduisons ci-dessous un exemple de ces diffamations, un message envoyé le 26 Novembre 2013 par M. René Richard, Président de l’Association Breton 14-18, à ses collègues :

Claudie Llewellyn m’a fait passer cette photo prise clandestinement sur le site de la Boisselle dont elle est propriétaire. L’équipe uniquement britannique de l’archéologue Peter Barton, au mépris des règles du contrat d’intervention sur ce site privé et préservé, mène des fouilles à grands coups de pelleteuse (mais oui !), ceci avec l’accord de la DRAC Picardie. On a connu la DRAC plus soucieuse de préservation de patrimoine. Sur les châteaux, truelles, cuillères et pelles sont juste tolérées. Ici, carrément une pelleteuse pour aller vite. Le site magnifique que le groupe Bretagne 14-18 avait visité en mai est défiguré, le premier entonnoir est éventré. Ce que veulent les Anglais (qui interdissent à Claudie, propriétaire des lieux, de venir constater ce qu’ils font, et qui tolèrent tout juste qu’elle entre sur son terrain ; Peter Barton ne lui adresse plus la parole) veulent manifestement trouver au plus vite des squelettes de tunneliers anglais. Le reste, comme la préservation du site, est secondaire ou même sans importance. Ils saccagent sans vergogne, tolérés par la DRAC, sous le regard incrédule et impuissant de Claudie et de quelques amis. Tout ça sera filmé et fera un beau reportage à la BBC en 2014. S’ils trouvent des soldats français (car ils furent nombreux à disparaître dans ce charnier que fut cet îlot), tant pis pour eux. Il faut sans nul doute des ossements anglais. ET, pendant ce temps, les autorités françaises, locales, départementales ou régionales regardent ailleurs. Navrant. J’en reparle dans le bulletin. Amitiés

Le LBSG a aussi été averti que certains directeurs régionaux de la DRAC ont aussi reçu des messages malveillants de Mme Llewellyn-Lejeune. Pendant la dernière période de fouilles en décembre 2013, M. Tahar Ben Redjeb de la DRAC de Picardie a discuté personnellement (sur le site) avec elle, affirmant clairement qu’elle avait calomnié son organisme, citant des passages comme exemples. Mme Llewellyn-Lejeune l’a nié, et les diffamations ont continué.

D’autres autorités ont reçu des messages similaires, dont la CWGC et son homologue français, l’ONAC.

Il y a donc depuis quelques temps des tentatives répétées de la part de Mme Llewellyn-Lejeune d’entacher les réputations personnelles et professionnelles d’un grand nombre de personnes impliquées dans le projet. Le LBSG n’a reçu aucune excuse pour ce comportement, et il n’y a aucune indication de l’intention de Mme Llewellyn-Lejeune de retirer ou de démentir ces accusations. Après chaque épisode diffamatoire, le LBSG a répondu en privé mais entièrement à tous les membres de l’Association de l’Ilot.

Points supplémentaires

Durée du contrat

Le nouveau contrat a été proposé pour une période d’un an. C’est une période trop courte pour le LBSG, les professionnels qui travaillent avec le Groupe, pour nos nombreux volontaires et pour nos sponsors. Il ne nous laisse aucune flexibilité pour planifier ou lever des fonds. A l’automne 2013, le LBSG a prévenu Mme Llewellyn-Lejeune que pour préparer le site pour les commémorations du centenaire des actions françaises et allemandes au Glory Hole en 1914, un nouveau contrat devait être proposé et accepté rapidement. Pour que ce soit réalisable, il devait être établi pour une durée d’au moins trois ans, englobant 2015 et 2016, qui demanderaient chacun des commémorations liées aux fouilles et aux événements.

En Novembre 2013, le LBSG a été informé qu’un nouveau contrat avait été préparé. Cependant, il n’a pas été envoyé avant fin avril 2014. Entre temps, les diffamations de Mme Llewellyn-Lejeune ont continué, et l’arrivée d’un nouveau contrat a plutôt été une surprise. Les membres en ont discuté et l’ont rejeté d’un commun accord à la fin du mois de mai. Le LBSG n’a eu aucun retour de l’Association de l’Ilot depuis.

Etant donné le temps et les efforts nécessaires pour la communication, les prévisions, les demandes et les levées de fonds – et pour mener à bien nos propres lourds engagements professionnels en cette période très occupée – il était de toute façon trop tard pour faire quoi que ce soit avant le printemps 2015.

Objets

Tous les objets découverts grâce aux fouilles sont restés la propriété et la responsabilité de la propriétaire. De nombreux objets se trouvent actuellement au Musée Somme 1916 d’Albert. Ceux qui ont été présentés dans la récente exposition au Festival International du Film Archéologique au Cinéma Gaumont d’Amiens ont été trouvés par les membres du LBSG, la DRAC et le CIRAS dans un sérieux état de dégradation. Il est essentiel que l’Association de l’Ilot prenne des mesures immédiates pour conserver correctement ces objets uniques.

Protection des fouilles

Comme nous l’avons précisé dans la mise à jour du 7 avril 2014, en Décembre 2013 les tranchées et les autres vestiges ont été recouverts et le site complètement rebouché. Cette pratique archéologique courante a été mise en place pour protéger les fouilles du climat et des visiteurs indésirables (le vandalisme et la chasse au trésor sont devenus de sérieux et coûteux problèmes pour le LBSG l’été dernier) et pour sécuriser complètement le site. Tous les biens du LBSG, comme les outils et l’équipement de sécurité, ont été retirés et stockés ailleurs.

Photo du site prise le 9 Décembre 2013 montrant le travail archéologique rebouché.

Photo du site prise le 9 Décembre 2013 montrant le travail archéologique rebouché.

Remerciements

Nous voulons que chacun sache que nous sommes très reconnaissants pour votre soutien généreux depuis 2011, et c’est avec un profond regret que nous laissons notre travail unique au Glory Hole : il reste encore beaucoup à apprendre, et beaucoup à partager.

Le LBSG est, cependant, ravi que ses efforts collectifs aient permis d’aider à sauver le site de la construction, et pour la postérité. Le Glory hole est maintenant fermement ancré dans la conscience du public, pas seulement en France et en Grande-Bretagne, mais dans le monde. Son importance a été bien mieux comprise par le Conseil Général, les politiques locaux, la DRAC, le CIRAS, l’UNESCO, les autorités touristiques, les musées et de nombreuses personnes sur place. Nos sponsors de par le monde ont joué un grand rôle dans cette réussite. Nous sommes également très reconnaissants envers les autorités archéologiques et culturelles françaises (la DRAC et le CIRAS) pour leur confiance, leur soutien et leur aide pour lever des fonds. Nous remercions le service de déminage pour sa confiance et pour son savoir sans faille et ses conseils, et l’ONAC pour avoir donné à nos spécialistes la responsabilité de récupérer les corps des soldats français et allemands. Nous voulons aussi remercier la Commonwealth War Graves Commission pour avoir travaillé avec nos spécialistes sur la récupération des corps des soldats britanniques.

Nous sommes heureux de voir que, après avoir commencé à vendre morceau par morceau des parties du Glory Hole, la famille Lejeune a maintenant pleinement conscience de son importance historique et symbolique, et qu’elle travaillera avec l’Association de l’Ilot et d’autres personnes pour assurer son futur et sa protection. Nous leur souhaitons bonne chance.

Nous sommes particulièrement satisfaits de savoir que, grâce au travail entrepris par le LBSG pendant les trois dernières années, la menace d’un développement à grande échelle par l’expropriation a été levée.

En vue de publications futures, les recherches dans les archives internationales sur l’histoire du Glory Hole et de la Boisselle se poursuivront. D’autres projets archéologiques sont en considération pour la période du Centenaire.

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